Écrit par : Marta Hejnar

La sexualité, qui se développe et change au fur et à mesure que nous grandissons, fait partie de notre vie quotidienne. Elle a été considérée comme tabou pendant des siècles et a été décrite à travers le prisme de la moralité/religion ou, tout simplement, d’un point de vue médical. À cause de cela, la sexualité se développe presque d’une manière “sauvage”. En grandissant, de nombreuses heures sont consacrées à la compréhension des mathématiques, de la physique ou même de la biologie, et toute la sphère de l’intimité et des relations est laissée sans aucun accompagnement de la part d’un adulte. Une partie de la communauté vit en croyant que ce sera l’école à s’occuper de l’éducation sexuelle, une autre pense que ce sera l’environnement dans lequel grandit l’enfant (la famille) qui va s’en occuper et, enfin il s’avère que les modèles à qui les individus en développement s’inspirent souvent sont très aléatoires et, de ce fait, ils ne sont pas nécessairement des sources fiables. Malgré de nombreuses initiatives prises par les ONG et les milieux plus progressistes, l’éducation sexuelle pour les enfants et les jeunes adultes laisse encore beaucoup à désirer. Le manque de connaissances de base contribue à un stress et une anxiété inutiles, et conduit parfois à des troubles sexuels et psychologiques.
Notre sexualité est constituée de différents aspects et, à l’intérieur de ceux-ci, elle est extrêmement diversifiée. Grace à l’activité des organisations et mouvements LGBT, le sujet de la diversité a commencé à se frayer un chemin dans la conscience publique et est aujourd’hui largement reconnu. En conséquence, davantage de minorités ont eu la possibilité de se faire connaitre en ajoutant de nouvelles lettres à l’acronyme LGBTTQQIAAP. Cependant, afin d’inclure toute la diversité sous ses différentes dimensions, le concept de DGSR (Diversité des Genres, Sexualités et Relations) vise à offrir un espace à toutes les identités marginalisées, aux relations consensuelles et aux pratiques sexuelles.
En quoi consiste donc notre diversité?

1. Sexe biologique : au moment de notre naissance, conformément à la législation binaire en vigueur dans la plupart des pays, nous sommes assignés à l’un des deux genres en fonction de l’apparence de nos organes génitales. Et, déjà à ce moment-là, un problème se pose car cette apparence n’est pas toujours évidente et même des examens approfondis ne sont pas toujours concluants. Voilà pourquoi certains États ont introduit la possibilité d’enregistrer un enfant de sexe indéterminé. Il existe, toutefois, des personnes parmi nous qui se sont développées de manière unique et ont une différente combinaison de chromosomes par rapport à la norme, par exemple : le chromosome 45 X0 ou le chromosome 46 à la fois XX et XY ou encore le chromosome 47 XXY. Il y a des individus qui, en raison, par exemple, de mutations génétiques, ont développé de manière unique leurs gonades (ovaires/testicules), leurs organes sexuels internes (utérus, trompes de Fallope, canal déférent), leurs organes sexuels externes (les organes génitales) ou des caractéristiques sexuelles secondaires qui apparaissent lors de la puberté (seins, pilosité faciale, changements de la voix). Chaque personne est différente et, même si formellement et de manière stéréotypée, nous évoluons entre deux sexes, il existe de nombreuses possibilités rien qu’au niveau biologique. La sensibilité et l’inclusion sont nécessaires, pour vous-mêmes et les autres afin d’apprécier l’unicité d’une personne qui ne ressemble pas à la majorité ou à une image stéréotypée véhiculée par les médias et les réseaux sociaux. Cela peut, en effet, être le résultat du processus de création d’une nouvelle vie, un processus extrêmement complexe que personne ne peut contrôler. C’est ici qui se trouvent les différences entre le physique et la perception psychologique du genre.
2. Le genre (genre socio-cultuel) est un ensemble de caractéristiques, comportements, actions, attributs, rôles sociaux, associés à une personne par la culture de masse. Le genre de quelqu’un est tout d’abord déterminé par la culture, qui assigne différents rôles de genre liés à cette binarité, et ceux -ci deviennent les modèles de comportements attendus par la société. À cause de cette approche, au lieu de tirer le meilleur parti du potentiel d’une personne, les individus sont poussés dans un schéma et donc, ils sont contraints de jouer un rôle qu’ils ne veulent pas et n’acceptent pas, abandonnant les possibilités qu’ils ont et qu’ils souhaitent développer. On devrait plutôt considérer le genre comme fluide et dépendant du contexte. Il est possible qu’une personne souhaite se conformer à ces rôles dans certaines situations et, dans d’autres, elle soit attirée par d’autres rôles et ne souhaite être définie par aucun des deux genres.
3. Orientation sexuelle : en bref, elle décrit de qui vous tombez amoureux, qui vous aimez et avec qui vous souhaitez vous engager dans une relation. La nature est diversifiée, et les gens le sont aussi. Toutes les orientations (hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, asexuelle, pansexuelle…) sont normales, elles se manifestent simplement à des intensités variables. Il y a aussi des personnes qui ne souhaitent tout simplement pas s’identifier à aucune orientation et cela est acceptable aussi !
4. Relations : au cours du développement de la civilisation, la culture occidentale a développé un modèle socioreligieux qui défend l’hypothèse selon laquelle les individus devraient avoir des relations monogames. Cependant, nous pouvons aussi avoir des relations non-monogames bien plus complexes ou des relations polyamoureuses ; leur qualité et leur succès dépendent tout autant, voire plus, d’une bonne communication et du consentement de toutes les personnes impliquées. Cela se résume, tout simplement, à : « je peux aimer plusieurs personnes, avoir des relations sexuelles avec plusieurs personnes, vivre et partager les joies et les difficultés de la vie avec plusieurs personnes ».
L’entrée dans l’adolescence est associée avec de nombreux dilemmes, difficultés et doutes.
C’est une époque au cours de laquelle on se transforme presque littéralement : le corps change rapidement, nous cherchons impatiemment une identité, nous nous comparons souvent anxieusement aux autres. Le problème est que, bien que nous formions une seule espèce, chaque personne est unique et, par conséquent, la possibilité de combiner différents traits est virtuellement illimitée. Par conséquent, peu importe votre sexe ou votre orientation sexuelle, les rôles que vous jouez dans la communauté ou le type de relations que vous nouez avec d’autres personnes. La nature n’est pas seulement diversifiée, elle change constamment en se modifiant et en créant à nouveau. Grâce à cette diversité nous pouvons grandir et évoluer vers de formes toujours plus avancées. Il est extrêmement difficile de se trouver soi-même et de trouver sa place, surtout au début, et ce d’autant plus si l’on n’a pas de soutien. C’est pourquoi nous devons prendre soin les uns des autres et nous soutenir mutuellement dans notre singularité.
Laissez les mots de Max Ehrmann’s Desiderata vous guider :
Tu es un enfant de l’univers,
tout comme les arbres et les étoiles;
tu as le droit d’être là.
Et que ce soit clair pour vous ou pas,
sois assuré que tout se passe dans l’univers selon ses propres règles.

Marta Hejnar est une psychothérapeute certifiée (EAGT), psychothérapeute Gestalt et sexologue qui travaille dans les domaines de la sexualité positive et des DGSR (Diversités de Genre, de Sexualité et Relationnelles). Elle est diplômée de l’École Heart Tantra – Formation Psychodynamique des Relations et de la Communication Corporelle, des études de cinéma à l’Université Jagellonne, et possède un MBA en gestion. Elle suit actuellement une formation holistique pour travailler avec des couples dans le cadre de la TCE (Thérapie Centrée sur les Émotions). Elle collabore avec le Collectif Kamelia afin de soutenir les travailleurs du sexe. Elle fait de la thérapie pour adultes, individuelle et de couple. Son objectif est de créer, à l’avenir, un Institut de l’Amour, un espace sûr et ouvert à l’expérimentation où les individus pourront explorer leur sexualité.